Une quête personnelle fondée sur l’excellence académique
Professeure à l’Université Technique de Chemnitz, en Allemagne, le Pr. Olfa Kanoun est une figure emblématique dans le domaine des techniques de mesure. Lauréate de son baccalauréat en Tunisie en 1988, elle a poursuivi ses études en génie électrique à l’Université Technique de Munich, avant de décrocher un doctorat à l’Université de la Bundeswehr, récompensé par le prix de la meilleure thèse en techniques de mesure en Allemagne. Aujourd’hui, elle figure parmi les 2 % des scientifiques les plus reconnus dans son domaine.
Cette année, elle a également été honorée par le Prix présidentiel de la meilleure chercheuse tunisienne à l’étranger, une distinction qui consacre son parcours d’excellence et son engagement scientifique au service de la société.
Encadrer, c’est éduquer et développer la personnalité du doctorant
À la tête d’un encadrement de plus de 50 doctorants, le Pr. Kanoun considère cette mission comme l’une des plus passionnantes de sa carrière. « Encadrer un doctorant, c’est lui apprendre à faire de la recherche, mais aussi à grandir scientifiquement et personnellement », explique-t-elle. L’accompagnement consiste à transmettre des méthodes, à développer l’esprit critique et la capacité à travailler en équipe, mais aussi à aider le doctorant à trouver sa place dans le monde scientifique et professionnel.
Un sujet de thèse bien choisi : clé de voûte d’un parcours réussi
Selon le Pr. Kanoun, le choix du sujet de thèse est crucial : il doit être en phase avec les compétences du doctorant mais aussi représenter un enjeu sociétal ou industriel. Trop large ou à l’inverse trop restreint, un sujet mal défini peut désorienter. À l’inverse, un sujet modulable, pertinent et ouvert, devient un véritable passeport vers l’application concrète et, potentiellement, l’industrie.
L’industrie comme horizon ; la thèse comme point de départ
Le Pr. Kanoun souligne le modèle de formation allemand, où toute thèse — même fondamentale — est pensée avec une perspective d’application. « Un bon sujet répond souvent à un besoin concret : santé, environnement, économie », précise-t-elle. Cette approche explique que 90 % des doctorants allemands accèdent à l’industrie après leur thèse, souvent dans des postes à haute responsabilité.
Compétences transversales : l’atout durable du doctorat
Au-delà d’expertises techniques rigoureuses, la thèse développe des compétences essentielles : gestion de la complexité, innovation, communication, esprit critique, gestion du temps et du stress, travail en équipe… Des savoir-faire précieux qui préparent aussi bien à des carrières académiques que managériales ou industrielles.
Conseils éclairés pour les doctorants de demain
Le Pr. Kanoun conseille aux futurs doctorants de ne pas se limiter à l’idée d’obtenir un diplôme, mais de considérer le doctorat comme une rampe de lancement vers le leadership, en industrie ou en recherche. Elle recommande également de choisir :
- un environnement de recherche stimulant,
- un encadrant expérimenté,
- un sujet aligné avec les enjeux actuels,
- et surtout de faire preuve de motivation, de patience et de résilience — les échecs étant partie intégrante du chemin scientifique.
Conclusion
L’entretien avec le Pr. Olfa Kanoun révèle un message fort et inspirant : le doctorat n’est pas seulement un diplôme, mais un vecteur de transformation personnelle et professionnelle. Choisir avec soin son sujet, intégrer les compétences humaines et viser l’impact concret permettent aux jeunes chercheurs de s’imposer comme futurs leaders — que ce soit dans le monde académique ou industriel.
Mehdi KANTAOUI,
Éditeur de Tunisia-universities.com,
pour une meilleure valorisation des parcours universitaires et scientifiques.
