L’enseignement supérieur privé en Tunisie, en chiffres

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Qu’est-ce qui attire aujourd’hui les quelque 33.000 étudiants qui fréquentent les 80 établissements, entre écoles, instituts et facultés privés ?
Pourquoi y vont-ils donc. Des images d’Epinal collent encore aujourd’hui à cet enseignement privé
qui a du reste bien évolué depuis qu’il a pratiquement commencé à se développer avec le début des années
quatre-vingt-dix. Un enseignement privé qui renvoie à des réalités bien différentes et qui cherche, du moins en partie, à conquérir des personnes soucieuses de se faire une bonne place au soleil de l’emploi.

Que doit-on penser aujourd’hui de l’enseignement supérieur privé en Tunisie ? La question mérite d’autant plus d’être posée que ce type d’enseignement est arrivé désormais à maturité. Il existe depuis trente ans (le début des années quatre-vingt-dix) et figure parmi les voies que choisissent les bacheliers tunisiens.

L’employeur regarde moins du côté du parchemin que du côté de la compétence du demandeur de l’emploi.

Une image colle, à ce propos, encore à la peau de ce type d’enseignement : celle d’être un passage quasi obligé pour ceux qui ne sont pas satisfaits des choix que leur offre l’université publique à l’heure de l’orientation, et donc une fois leur bac en poche. Une réalité que l’on ne peut ignorer. Car, souvent les mal notés pour ainsi dire au bac (moins de 14/20) ne peuvent avoir la chance de fréquenter des filières nobles, comme la médecine, la pharmacie et l’ingéniorat, et n’ont droit souvent même qu’à des filières courtes.

Certains établissements sont même connus pour la rigueur

Pour d’autres, la voie de l’enseignement privé est largement recommandée notamment lorsque «l’ordinateur», comme on dit, les place dans des établissements d’enseignement supérieur situés bien loin de leur domicile. Dans ce cas, il n’y a pas souvent photo : côté frais, cela revient au même. Car suivre des études dans un établissement situé loin du foyer cela coûte souvent aussi cher que de s’inscrire dans une faculté privée, sinon plus cher (loyer, transport, nourriture, argent de poche…).
Autant opter donc pour la proximité. D’autant que les diplômes de l’enseignement privé sont reconnus au même titre que ceux de l’université publique, puisque bénéficiant d’une équivalence.
Les établissements d’enseignement privé sont contrôlés par le département chargé de l’Enseignement supérieur. Ensuite, et actuellement, l’employeur regarde moins du côté du parchemin que du côté de la compétence du demandeur de l’emploi.

Il n’y a pas de vérité absolue et que des réalités différentes donnent quelquefois à penser que les comportements des enseignants peuvent être différents entre le public et le privé

Autre attrait de l’enseignement supérieur privé : l’enseignement est, dit-on, bien plus «facile». Il s’agit là évidemment d’une autre image d’Epinal qui, elle aussi, colle à la peau de l’enseignement supérieur privé. En vérité, l’enseignement supérieur privé renvoie à des réalités différentes.
Certains établissements de l’enseignement privé sont même connus pour la rigueur de la formation qu’ils dispensent. De toute manière, assure-t-on, les établissements d’enseignement supérieur privés recourent au même titre que les établissements d’enseignement supérieur publics au même corps enseignant et dispensent pratiquement les mêmes enseignements.

Certains enseignants sont obligés de ne pas noter «serré» !

Il va sans dire qu’il n’y a pas de vérité absolue et que des réalités différentes donnent quelquefois à penser que les comportements des enseignants peuvent être différents entre le public et le privé. Certains enseignants jugent-ils qu’ils ont affaire à des établissements «commerciaux»

où les normes académiques ne sont pas toujours de rigueur ?
Possible. Mais s’agit-il là d’une loi universelle ? On parle, ici, d’une donnée importante : certains enseignants sont obligés de ne pas noter « serré » comme ils ont tendance à le faire dans le public dans la mesure où le niveau des classes dans le privé n’est pas le même que pour le public ! Ou la convivialité est-elle pour quelque chose ? Une question d’appréciation qui pourrait relever du non-dit ?

Certains établissements attirent nombre d’étudiants pour les co diplomations qu’ils sont arrivés à établir avec des universités européennes et nordaméricaines

L’univers de l’université privée ne peut se résumer cependant à ces idées plus ou moins répandues et qui ne se vérifient pas toujours dans le vécu des « 80 établissements, entre écoles, instituts et facultés. La moitié de ces établissements est implantée à Tunis (37), 17 se trouve à Sousse et 6 à Sfax. Le reste réparti, pour l’essentiel, sur quelques gouvernorats côtiers ».

Des établissements privés qui attirent, selon les statistiques de l’année 2021, « 33 462 étudiants, soit 12,5% du total des étudiants inscrits dans les établissements de l’enseignement supérieur qui est de 267 154 ». Un effectif qui se répartit de la manière suivante selon le cycle de formation : « 45% au niveau du cycle préparatoire et des formations ingéniorat et architecture, 45% au niveau des licences fondamentales et
appliquées et 10 % au niveau du mastère essentiellement professionnel ».

Le cas des business schools

Ainsi, certains établissements attirent nombre d’étudiants pour les co diplomations qu’ils sont arrivés à établir avec des universités européennes et nord-américaines. Offrant non seulement un diplôme étranger, mais aussi une garantie de pouvoir continuer des études à l’étranger. C’est, entre autres, le cas des business schools qui apportent des know-how étrangers des cursus offerts. Quelquefois même avec le déplacement d’enseignants étrangers venant des universités partenaires.

Important à ce niveau, l’existence de quelques établissements qui dispensent leur cours en anglais. Ce qui assure une bonne pratique de langues étrangères. En français et en anglais. Ce qui assure une bonne pratique de langues étrangères fortement recherché et tunisiennes travaillant beaucoup avec l’étranger. Dans le même ordre d’idées, des cursus offrent une place de choix aux soft skills, comme la communication, un outil indispensable aujourd’hui dans les entreprises :
pratique des langues, mais aussi techniques de communication interpersonnelle et de groupe, techniques de réunion, présentation d’exposés oraux,…

On peut rêver 

Seule peut-être ombre au tableau et ce n’est pas peu : la place
accordée à la recherche scientifique.  Dans beaucoup d’établissements, nous sommes bien loin de traditions ancrées dans l’université publique comme les laboratoires de recherche, les colloques et autres séminaires internationaux et les revues scientifiques qui publient des articles scientifiques qui enrichissent souvent la connaissance du terrain dans de nombreuses spécialités.

Regret exprimé quelquefois lorsque la question de l’enseignement privé est évoquée : que des universités privées n’épousent pas le format de certaines universités privées étrangères avec ces campus qui offrent, grâce à de nombreuses installations comme de grandes sanitaires, de sport et de loisirs. En somme des lieux de vie. On peut rêver.

Mohamed Abdelbaki

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